What can i say Simon? It’s all about love. That’s the way it should be.
Le rose s’est doucement installé dans la maison. Au début c’était tout vide, c’était tout blanc, c’était tout lisse. Une fine couche de poussière recouvrait certaines pièces laissées dans un long été de somnolence. Le silence qui y régnait avait suspendu l’appréhension du présent. Hermétique, désincarné. Il a commencé par repeindre les murs de la grande salle.
Une plongée dans la couleur, tout simplement.
Sur une table, des miniatures, objets pansements, maquettes en carton, reliques en terre cuite sont déposés là. Le décor est planté. Une faible lumière du jour éclaire leurs faces arrondies, fait briller les traits colorés et l’aquarelle coule sur les papiers découpés. Des formes énigmatiques renvoient à un langage rituel, une sorte de flottement entre les âges, faisant appel à notre corps organique. Un langage de flux, de veines, d’hémoglobine diluée. Les membranes du cœur palpitent à la surface d’une toile encore tiède, un nuancier déplié explore les sentiments humains.
Dans les casseroles, reposent les mélanges d’acryliques et de condiments. C’est dans la cuisine que Simon entrevoit des assemblages de textures, des amalgames de formes molles, laissées au repos pour le regard méditatif, entre une tasse de café chaud et un cendrier plein. Au quotidien, dans cet espace de vie, tout s’agence intuitivement, selon les prémonitions amoureuses et l’inconscient doucement éveillé.
A l ‘étage, il y a la chambre. Le soleil passe au travers de la lucarne et la remplit d’une lumière chaude. Il est resté là trois jours, à tourner en rond, à s’imprégner des traces du passé. La poussière des années d’oubli est colmatée avec la naissance d’une nouvelle histoire. Ecrite en quelques jours avec ses doigts dans la peinture, avec les bribes de ses rêves imprimés sur les parois de plâtre. Au milieu de la pièce il y a une trappe, une échelle sans barreaux qui mène sur les toits. Il n’est plus question de s’échapper. Un peu partout, des explosions de couleurs, des formes qui prennent leur envol dans l’espace d’une saison, entre les murs, sur les cloisons d’une chambre à l’abandon.
Simon repeuple l’histoire du lieu. Il réinvente les habitants, il refonde des familles faites de peaux tableaux et de noms collectionnés.
Rien de tout cela n’a été laissé au hasard.
Laurie Charles, 2016